Les sept filles d’Orlamonde,
Quand la fée fut morte,
Les sept filles d’Orlamonde,
Ont cherché les portes.
Ont allumé leur sept lampes,
Ont ouvert les tours,
Ont ouvert quatre cents salles,
Sans trouver le jour...
Arrivent aux grottes sonores,
Descendent alors;
Et sur une porte close,
Trouvent une clef d’or.
Voient l’océan par les fentes,
Ont peur de mourir,
Et frappent à la porte close,
Sans oser l’ouvrir...
Les sept filles d’Orlamonde est un poème écrit pour le livret d’opéra de Dukas Ariane et Barbe-Bleue et qui résume le propos politique de cette œuvre: le conflit psychologique habitant une personne sous emprise entre un désir de liberté (qui lui donne les ressorts de l’émancipation) et la peur de braver l’autorité du dominant (qui la maintient dans la servitude volontaire). Dans le livret de Maeterlinck, Ariane est la nouvelle femme de Barbe-Bleue. Elle peut se rendre dans toutes les pièces du château sauf une, mystérieuse et interdite. C’est pourtant cette dernière qui intéresse la jeune épouse. Quand elle l’ouvre, elle découvre un souterrain où sont enfermées depuis des années les précédentes femmes de Barbe-Bleue. Ariane descend et se rend à leur rencontre. La prison souterraine se termine par une porte mystérieuse qui ouvre sur la lumière et la liberté, Ariane en est convaincue. Mais les captives, apeurées par des années d’emprise, sont persuadées que cette porte ouvre sur la mer qui envahirait leur prison si quelqu’un viendrait à l’ouvrir. Faisant fi de leurs craintes, Ariane ouvre finalement la porte inondant ainsi les souterrains de lumière. Les prisonnières sont libres. Mais après tant d’années de conditionnement psychologique, elles décident de rester au château pour s’occuper de leur bourreau, blessé par ses paysans révoltés. Elles sont physiquement libres, mais psychologiquement dominées sous l’emprise d’un tyran. N’ayant subi aucun conditionnement, Ariane est la seule à pouvoir échapper pleinement à la servitude et à quitter le château.