Poétesse allemande majeure, Else Lasker-Schüler mit sa plume au service de sa sensibilité sans se soucier des modes et des écoles ; cela malgré l’univers artistique berlinois dans lequel elle était intégrée et qui invitait à un foisonnement d’avant-gardes.

Sa poésie très intime pourrait être entièrement observée comme un corpus biographique. Sa vie rythmée par les pertes d’êtres chers (dont son unique enfant), les amours passionnés et impossibles, les exils multiples s’infusent en permanence dans ses vers. La poésie de Else Lasker-Schüler n’est que le reflet de sa vie mouvementée ; une vie de pauvreté matérielle sans pareil. Sans autre ressource que sa poésie, elle est presque constamment sans domicile fixe. Quand elle n’habite pas une petite chambre insalubre, elle trouve résidence chez des amis ou dort sur les bancs publics.

Poétesse juive affirmée, au style libertin et jouant des identités multiples teintées d’androgynie – elle se dit tantôt Else Lasker-Schüler, tantôt « Youssouf, prince de Thèbes » – elle ne pouvait qu’être une cible évidente de la presse nazie sous la république de Weimar. Lorsque Hitler prend le pouvoir, elle s’exile aussitôt en Suisse dans le plus grand dénuement. En raison du déclenchement de la guerre durant un voyage en Palestine en 1939, elle reste coincée sur cette terre malgré son désir de retourner en Europe dans son refuge suisse, tant elle était travaillée par l’espoir de retrouver une Allemagne libérée du fascisme. Mais elle meurt dans une profonde tristesse à Jérusalem en janvier 1945.