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Federico García Lorca
1898 - 1936

S’il est un poète qui entretient des liens étroits avec la musique chantée, Federico García Lorca est bien celui-là. Se voyant d’abord compositeur, le jeune Lorca travaille son piano, apprend la guitare flamenca, compose des chansons et se produit sur scène. Mais c’est finalement vers la poésie et le théâtre que sa vocation se précise par la suite.

Caractère gai et farceur en société, toujours prêt à mille facéties, son théâtre et sa poésie révèlent pourtant une personnalité intérieure tantôt sombre et torturée – le sang, la mort, les larmes, l’amour, la jalousie, l’oppression, la révolte – tantôt calme et contemplative, attentive à la vie, à la nature et au monde peuplé de sons, de lumières, de couleurs, d’odeurs, de plantes, d’insectes et de petits animaux.

En pleine époque dadaïste et surréaliste, Lorca adopte un style et des thèmes classiques qui lui seront lourdement reprochés par ses pairs. Profondément marqué par le principe de l’éducation populaire dans l’euphorie républicaine des années trente espagnoles, il fonde la Barraca, une troupe de théâtre itinérante se déplaçant dans les plus petits villages pour y jouer des pièces de sa plume ou du répertoire.

À travers ses pièces, ses mises en scène et sa poésie, Lorca rend hommage à « ceux qui n’ont rien et à qui on refuse même la tranquillité du néant » : les paysans écrasés par l’oligarchie terrienne, les femmes étouffées par le patriarcat, les noirs de Harlem exclus de la prospérité américaine, et le gitan, bien sûr, dernière incarnation d’une culture ibérique orientale refoulée par une Espagne exclusivement tournée vers ses racines occidentales. Autant de thématiques pour déplaire à la presse fasciste et conservatrice. Celle-ci, dans l’espoir de démontrer l’irrecevabilité de son œuvre, s’emploie à mettre en avant son homosexualité sur laquelle il reste pourtant discret sans la tenir secrète. Les circonstances de la guerre civile donneront à ces gardiens de la morale l’occasion de se venger de son succès : il sera arrêté et fusillé par les franquistes en 1936, provoquant ainsi une des plus grandes vagues d’émotion internationale parmi les gens de lettres qui firent de Lorca la figure martyre de l’artiste désarmé face à la barbarie réactionnaire.